Narie-Eva de Villers Une réforme francaise de 1’ orthographe ou une réforme de l'orthographe du Francais ? La nuance est importante. A 1'automne dernier, nous écrivions dans le "Plai- sir des mots" que ce débat ne concer- nait pas que les francais, qu'il nous intéressait également. Bonne nouvelle: les Québécois participeront aux tra- vaux du Conseil supérieur de la langue francaise sur la simplification ortho- graphique. En effet, M. Claude Ryan vient d’étre officiellement invité par le gouvernement francais a déléquer un ou plusieurs spécialistes qui travail- leront en collaboration avec les ex- perts réunis pour la circonstance par M. Bernard Quémada 4 la demande du Premier ministre de la France. I] était prévu que le Québec serait consulté en méme temps que les autres pays francophones lors du dépot du rapport de M. Michel Rocard au Haut Conseil de la Francophonie. Mais 4 cette étape, le Québec aurait-il eu la possibilité de revenir sur le contenu des propositions? Vraisemblablement, il n’aurait été en mesure que d'approuver ou de rejeter 1’ensemble du texte. Cette invitation arrive donc 4 point nommé; elle nous permet de faire valoir nos positions en temps utile, d’étre partie prenante aux discussions Rappel des faits Depuis plus d’un siécle, toutes les tentatives de simplification de l’écriture du Francais ont échoué. Pourtant de Rabelais jusqu’a Littré, notre écriture s’est constamment modifiée pour s‘adapter au language. Le 7 février 1989, dix linguistes éminents publiaient dans "Le Monde" un appel en faveur d'une modernisation de l'écriture du francais. Le 24 octobre 1989, le Premier ministre francais parlait du "nécessaire perfectionne- ment de la langue francaise" 4 l'occasion de la création du Conseil supérieur de la langue francaise. I] chargeait immédiatement cet organisme de formuler un avis sur une éventuelle simplification de l’orthographe en cing points: L'usage des traits d‘union, le pluriel des mots composés, l'usage des accents circonflexes, les anomalies orthographiques (doubles consonnes, mots étrangers...) et l'accord du participe passé des verbes pronominaux. Un mois plus tard, l'Académie francaise réagit; comme on pouvait s‘y attendre, elle est en désaccord. Greffier de l'usage de la langue, elle estime que "modifier par décret 1'orthographe en allant dans le sens dune simplification supposée, reviendrait 4 créer un idiome factice". Pour elle, une orthographe simplifiée "ne ferait que substituer a des difficultés anciennes, sanctionnées par l’usage, une série de difficultés nouvelles, sanctionnées par l'arbitraire". Malgré cela, le Secrétaire perpétuel de 1’Académie, M. Maurice Druon, accepte la direction du comité des linguistes qui s’attaque résolument 4 la tache: avant tout, ils doivent se mettre d’accord, la concer- tation étant une condition essentielle au succés de la réforme. Le courrier du "Plaisir des mots" a révélé de profondes divergences 4 l'égard de la réforme: comme en France 50% de nos correspondants y étaient farouchement opposés et 50% tout a fait favorables. La question restait cependant théori- que. Cette fois il apparait que le projet de modernisation de 1'écriture du francais doit étre pris au sérieux: débordant l‘univers des linguistes, il est devenu hautement politique. (source: Le Devoir, 10 février 1990) L'orientation scolaire et profession- Melle des éléves: par dela les infuences, un cheminement personnel. Le rapport annuel 1988-1989 du Conseil supérieur sur 1/état et les besoins de l'éducation a pour théme 1’orientation scolaire et professionnelle des é1é- et professionnelle: par dela les in- fluences, un cheminement personnel, * est significatif du choix privilégié _ par le Conseil pour aborder cette vas- te et importante question de 1’orien- tation. En effet, celui-ci vise, dans ce rapport, 4 mieux connaitre et con- prendre ce que vivent les éléves dans leur démarche de formation scolaire et [ RAPPORT ANNUEL 1988-1989 DU CONSELL SUPERIBOR DE _L' EDUCATION ves. Le titre, l’orientation scolaire: de qualification professionnelle. A partir de leurs témoignages, le Con- seil aborde l'orientation comme un processus plus ou moins continu de cheminement scolaire et professionnel qui va de la maternelle a la sortie du systéme scolaire et il insiste sur les principaux facteurs qui 1'influence, comme la famille, le milieu socio- économique et les mécanismes du systéme d’éducation. Cette perspective d’un cheminement qui s‘étale de la maternelle a l’université permet de jeter un regard nouveau sur la ques- tion de l'orientation et constitue, en quelque sorte, le coeur et l’originalité du document. L’ampleur de l’analyse, qui tient compte de tous les éléments qui interviennent en cours de route, du début 4 la fin de la scolarité, permet de comprendre les cheminements de formation scolaire et professionnelle du point de vue de 1’éléve, c'est-a-dire de quelqu’un qui, d’étape en étape et sur la base de ses aspirations, parcourt un systéme unique d‘éducation, dans une démarche ponctuée de moments détermi- nants et aussi marquée par 1‘ influence des milieux familial, social et sco- laire. Cette approche est relativement nouvelle, car on est plutot habitué 4 morceler le systéme en considérant indépendamment chaque ordre d’ensei- gnement avec ses obgectifs propres, son organisation, ses exigences, ses contraintes et ses particularités, sans se préocuper de la continuité des cheminements. Les témoignages des éléves, corroborés par des données statistiques, permettent ainsi d'iden- tifier clairement que des événements, dont cetains interviennent trés tdt dans le cheminemnent scolaire, sont d'une facon positive ou négative déterminants pour des étapes ultérieu- res, parfois lointaines, de la forma- tion. Ils permettent aussi de préciser la nature et la force des influences diverses pouvant tout autant faciliter ou entraver 1’orientation. * Envoi gratuit sur demande Conseil Supérieur de 1/Education 2050 Blvd St Cyrille Ouest Ste Foy, Qbc G1V 2K8. Té1:(418) 643-3850 Vol. 3 no. 1 LE COURRIER de la S.H.F.C., Mars 1990