MEMOIRES DE FAMILLES ources documentaires québécoises d’avant 1750 Peter Moogk Université de la Colombie Britannique N Je suis heureux de pouvoir présenter 4 nos lecteurs les résultats d’une recherche originale qui les touche de prés. Il s’agit, en l’occurrence, de la communication du professeur Peter Moogk sur les sources d’avant 1750 sur I’histoire de la famille au Québec. Ce texte a été présenté A la British Columbia Genealogical Society et publié dans le Bulletin d’automne 1986 de la BCGS. Nous remercions le professeur Moogk et la BCGS de nous avoir permis de traduire, d’éditer et d’adapter ce texte A l’intention de nos lecteurs. En VYouverture d’un publiant celui-ci, nous espérons faciliter débat sur les bords du Pacifique of) les Francophones n’ont pas encore commencé 4 réunir systématiquement les documents relatifs 4 l’histoire des familles et ne se sont pas encore dotés de l’instrument documentaire indispensable et efficace qu’évoque si bien pour nous le professeur Moogk en parlant des archives québécoises. ; Guy P. Buchholtzer Ma communication se base sur mon expérience personnelle acquise au cours de mes recherches au sujet d’une cinquantaine d’entrées biographiques dans le Dictionnaire de la Biographie Canadienne et la Nouvelle Encyclopédie Canadienne. Alors que j’étudiais la vie de personnalités de Vhistoire du Québec (l’ancien Bas Canada et une grande partie de la Nouvelle France) et de |’Ontario, je fus trés surpris de découvrir combien les sources documentaires étaient disparates d’une région 4 Pautre. Il y a un paradoxe dans les_ sources québécoises: alors que la _ population — est exceptionnellement bien documentée, il est trés facile d’obtenir des données statistiques et le nom des membres des familles. Par contre, il est fort difficile de connaitre le caractére méme de ces gens. L’existence de ces statistiques d’ordre vital est due a VEglise catholique (registre des baptémes, mariages, enterrements) et a la bureaucratie francaise (accumulation de statistiques démographiques). Malheureusement, le grand nombre d’illetrés (seulement un tiers de la population pouvait signer de son nom) et la destruction de documents personnels au cours des siécles expliquent sans doute la rareté des lettres privées et de textes de mémoires, sauf 14 peut-étre dans le cas des membres de la classe dirigeante et de J’élite économique. C’est la raison pour laquelle les mentalités et les valeurs des classes sociales plus basses de la société demeurent mal connues. Mais comme la plupart des historiens de famille désirent dépasser les faits et vies de leurs ancétres, je suggérerai donc des _ sources documentaires susceptibles de révéler la personnalité réelle de ces ancétres ainsi que leur maniére de vivre. Pour mettre ces faits a jour, il faut commencer, toujours, par l’ancétre connu le plus ancien. J’ai découvert qu’une_ recherche _ initiée seulement a partir du nom de famille est peine perdue. Ces noms sont dupliqués parmi les Canadiens et ceci est encore plus vrai chez les Acadiens qui ne possédent pas plus d’une centaine de noms de famille en tout. Ainsi, presque chaque nom de femme comporte Marie: avoir le nom complet ne garantit donc pas le succés. Quand je cherchai un Paul Tessier dit Lavigne de Vile de Montréal, je découvris trois hommes différents portant le méme nom et ayant vécu au méme moment au méme endroit. Comment les différencier? Heureusement, mon Tessier savait écrire et il transcrivait phonétiquement son nom en tesier. Ce type de transcription était chose commune avant le 19e siécle et je trouvais des références supplémentaires sur mon homme sous la rubrique Texier. La deuxiéme régle est ensuite de rechercher l'ensemble des variantes phonétiques possibles d’un nom. Parfois il faut prononcer a4 la francaise les noms d’origine étrangére. Ainsi le nom _ irlandais O'Sullivan devint Sylvain. Spennert (allemand) devient Spénard. On utilise rarement w en frangais: il est souvent remplacé par ou. Ainsi Willitt devient Ouellette. Problémes supplémentaires Le sobriquet "Lavigne" de Paul Tessier révéle une autre complication. Les immigrants frangais et les Canadiens utilisaient souvent des sobriquets et des Le Chronographe Hiver 1986-87 Volume III-4