population de la région- étaient d’origine francophone (jusqu’en 1847-49). On ignore presque tout encore de l’histoire de ces premiers colons -et des autres Francophones qui les suivirent. Trés peu est connu sur l’histoire des Indiens de la région. Et alors que l’histoire connue a trait aux rapports avec les Indiens tels que relatés par des Blancs, celle-ci évacue généralement la perception amérindienne des. Blancs ou des événements historiques tels que rapportés par les _ Indiens eux-mémes. Une tache difficile attend donc lhistorien intéressé 4 brosser un tableau objectif de l’histoire de cette région. Cette histoire ne peut plus @étre percue seulement comme un_ déroulement temporel d’événements; elle se doit aussi d’intégrer des perceptions et des concepts inscrivant l’événement dans une dimension psycho-sociologique propre a la vison du monde et 4 l’univers mythique amérindiens. Le récit qui va suivre est Aa cet égard révélateur. Nous le livrons tel qu’il nous est parvenu par l’intermédaire de Chamberlain, un collaborateur du célébre anthropologue Franz Boas -celui-ci. a travaillé sur la céte Nord Ouest jusqu’en 1930 environ, et pendant prés. d’un demi siécle. Ce récit appartient 4 la tradition des Indiens Kutenai qui habitent l’intérieur de la Colombie Britannique. * Chamberlain a travaillé parmi les Indiens Kutenai en 1891, date a laquelle il transcrivit le texte qui va suivre * au cours de son séjour 4 la Mission °F. BOAS, Ed., A.F. CHAMBERLAIN " Kutenai Tales" Smitshonian Institution, Bulletin no.59, American Ethnology, xii, 387 p. Washington D.C. 1918. pp. 34-36:"The Frenchman and his Daughters". Notons que Boas avait déja visité la région vers 1889 comme rapporté dans son Report on the Kootenay Indians of South Eastern British Columbia, Report 1892 (549-613) et Kotondqa, BAAS, LIX 889-93, 1889 et d’autres publications contemporaines de |’époque. 6 Tl faut remarquer que les mythes sont souvent bien plus . longs que les versions fournies par les ethnologues et linguistes. Ceci peut s’expliquer par le peu d’enthousiasme qu’éprouvent les Indiens 4a livrer des récits (sur lesquels ils possédent des droits traditionnels) 4 des étrangers qui nont, a leurs yeux, qu’une connaissance limitée de leur 10 TRADITION ORALE Bureau of Saint-Eugéne ot il fut regu par le pére Nicolas Coccola, o.m.i.. 7’ Celui-ci tente de convertir les Kutenais au Christianisme et 4 des méthodes de développement socio-économique de nature totalement étrangére 4 l’univers traditionnel des Indiens. Malgré la résistance de ces derniers 4 la présence blanche dans la région et les nombreuses _ difficultés rencontrées*, les Kutenais assurent le pére Coccola qu’ils feront tout ce qu’il leur dira.° Chamberlain obtient, 4 ce qu’il semble, le texte Kutenai d’un certain Paul, qui vivait prés de la mission Saint Eugéne et qui séjourna aussi quelque temps durant chez les Indiens Pieds Noirs. Un autre informateur important de Chamberlain était Michel, vivant dans la vicinité. Alors qu’on sait que les mythes circulent avec une vitesse extraordinaire, il ne fait presque aucun doute que Michel et Paul connaissaient ce méme mythe sur le Frangais et ses filles. Ce détail a son importance car la version de Paul pourrait bien @étre affectée par son séjour ou bien aussi-par les versions des autres informateurs. Une autre question demeure lorigine familiale des informateurs car, comme on sait, certaines versions de certains mythes peuvent étre spécifiques. 4 une famille, A un clan ou parfois 4 une tribu toute (cont’d) culture et de leurs traditions. Ajoutons 4 cela la grande difficulté A transcrire ces textes; tache qui requiert une collaboration excepionnelle entre le linguiste et Yinformateur. Dans le cas présent, Chamberlain ne fit qu’un bref séjour chez les Kutenai; de plus, sa formation récente en linguistique ne le favorisait pas quand confronté avec la transcription de récits de longue durée. Ce fait est d’ailleurs corroboré par Boas (Cf. F. BOAS Kutenai Tales, B.A.E. no.59:v, Washington 1918.) 7 Le pére Coccola est né en 1854 A Santa-Lucia de Moriani d’une_ vieille famille corse. Pour plus d’information sur un exemple de mission Oblate dans ces régions, se reporter aA Jlouvrage de Margaret WHITHEAD "The Cariboo Mission. A History of the Oblates", Sono Niss Press, Victoria 1981. * Lire A ce sujet: Rev. Nicolas Coccola, o.m.i. Life and Work of the Reverend Nicolas Coccola, o.m.i.", 103 ppp. Vancouver 1924. La t&che des missionnaires consistait (p.47) A faire quitter aux Kutenai leur village traditionnel pour un nouveau village 4 l’européenne avec une église. La ils deviendront la main-d’oeuvre des agriculteurs blancs. 9 Op.Cit. p.47: “Anything that you say, shall be done" Le Chronographe Hiver 1986-87 Volume III-4